Né en 1923 à Tours, d’un père ouvrier-monteur aux ateliers des chemins de fer Paris-Orléans (dont le souvenir n’affleure que tardivement dans les textes du poète), et d’une mère infirmière puis institutrice (dont la figure tutélaire apparaît dans maint essai), Yves Bonnefoy poursuit ses études dans sa ville natale où il entre en classe de mathématiques supérieures. En 1942, il passe son certificat de mathématiques générales à l’Université de Poitiers puis part à Paris, en 1943, sous prétexte de préparer une licence de mathématiques à la Sorbonne. En fait, il a déjà abandonné l’idée de préparer une grande école et décidé de se consacrer essentiellement à la poésie. Cependant, le poète conservera toute sa vie un réel intérêt pour les mathématiques, la logique formelle et l’histoire des sciences.
En 1948, il reprend des études universitaires et suit les cours de Jean Wahl et de Gaston Bachelard. Il passera une licence de philosophie suivie d’un diplôme d’études supérieures sur « Baudelaire et Kierkegaard ».
Entre 1954 et 1956, Yves Bonnefoy entre au CNRS et inscrit comme sujets de thèses « Le Signe et la Signification » et « La Signification de forme chez Piero della Francesca » (sous la direction de Jean Wahl et André Chastel). Il publie alors son premier travail d’histoire de l’art Peintures murales de la France gothique et son premier texte consacré à Baudelaire.
« Yves Bonnefoy, à l’instar de Baudelaire, a poussé au plus haut degré ce "culte des images" qui a été la passion de tant de très grands écrivains – Mallarmé, Proust, Valéry -. Poète de la présence, poursuivant "l’immédiat" dans les choses et la "pureté" dans les mots, il lui arrive d’envier les peintres – que ce soit Poussin, Giacometti ou Morandi – qui font apparaître dans leurs oeuvres "cet immédiat, cette plénitude sensible" dont ils sont comme les prophètes.
A quatre-vingts ans, Yves Bonnefoy s’impose comme l’une des figures majeures des lettres françaises. Il a commencé sa carrière dans le sillage des surréalistes, mais il s’est tôt séparé d’eux, poursuivant sa route singulière, qui mène du Mouvement et de l’immobilité de Douve (1953) aux Planches courbes (2001), de l’étude sur les Peintures murales de la France gothique (1954) aux travaux sur Picasso, Balthus, Mondrian ou Alechinsky, en passant par de nombreux essais sur Baudelaire, Mallarmé ou Pierre Jean Jouve, la traduction des oeuvres maîtresses de Shakespeare, de Yeats et de Leopardi. » (Robert Kopp)