Agata ZUBEL, is a composer and vocalist, known for her unique vocal range and the use of techniques that challenge stereotypes.
Zubel gives concerts throughout the world and has premiered numerous new works. As a singer and composer, Agata Zubel has collaborated with several dozen philharmonic companies, such as: Carnegie Hall in New York, Walt Disney Concert Hall in Los Angeles, Konzerthaus in Vienna, Konzerthaus in Berlin, Musikgebouw in Amsterdam, Musikverein Wien, Royal Albert Hall, Royal Festival Hall in London, Elbphilharmonie in Hamburg, Philharmonie in Berlin, Cologne, Luxembourg, Casa da música in Porto, Seattle Symphony, Chicago Symphony, Baltimore Symphony. She was also present at the festivals: BBC Proms, Wien Modern, Donaueschingen Musiktage, Festival d’Automne à Paris, März Musik, Darmstadt Summer Course, Ultraschall, Wittener Tage für Neue Kammermusik, Huddersfield Contemporary Music Festival, Trans Art, Warsaw Autumn, Beethoven Festival in Bonn and Musikprotokoll.
She has worked together with the world’s leading ensembles : Klangforum Wien, Ensemble InterContemporain, musikFabrik, London Sinfonietta, Ictus, Eighth Blackbird, San Francisco Contemporary Music Players, Münchener Kammerorchester, Neue Vocalsolisten, Remix Ensemble, 2e2m Ensemble, Seattle Chamber Players, as well as The ORF Vienna Radio Symphony Orchestra, Radio-Sinfonieorchester des SWR, Deutschlandfunk, Westdeutscher Rundfunk, Staatsoper Hannover, The Grand Theatre – National Opera in Warsaw and others.
Winner of several competitions, both as singer and composer, she also boasts such important accolades as
- the selected work of the 60th UNESCO International Rostrum of Composers (the grand prix) for the piece Not I,
- the European Composer Award, Erste Bank Kompositionspreis, “Fryderyk” phonographic Award for Cascando – a CD programme of her own compositions and Vocal Recital Apparition
- as well as, with her dramopera Oresteia the “Passport” Award of the “Polityka” weekly for classical music,
- the “Polonica Nova” Prize, Coryphaeus of Polish Music and SWR Symphonieorchester Prize for the composition Outside the Realm of Time at the Donaueschinger Musiktage 2022.
She lives in Wroclaw where she teaches at the University of Music. In 2020 she obtained a professor degree in arts. She was honoured with the Badge of Merit to Polish Culture and Medal “Gloria Artis”.
She has received scholarships from the Ministry of Culture and National Heritage, the Rockefeller Foundation, Ernst von Siemens Musikstiftung and Kultur Kontakt Austria.
She is also a member of the Polish Composers’ Union.
Her discography consists of more than a dozen titles, including albums dedicated to her own music – Cascando (CD Accord), Not I (KAIROS) and Cleopatra’s Songs (KAIROS), Bildbeschreibung (Anaklasis), Oresteia (Anaklasis) and, as well as her vocal interpretations of songs by Ravel, Barber, Szymanowski, Crumb, Lutosławski, Obradors, Copland, Berg, Szymański, André Tchaikowsky.
www.zubel.pl
Souvenirs, images revenues.
La vérité est-elle ce dont nous nous souvenons ?
Ce dont nous sommes le souvenir, est-il aussi une vérité ?
La mémoire donne aux images un charme.
La mémoire garde-t-elle des images ou l’essence des choses ?
Ou l’odeur, le goût ou autres choses moins tangibles encore.
Un souvenir n’est que la nostalgie d’un moment.
Pouvons-nous retrouver la créature que nous avons été ?
Vue furtive d’une image.
Les humains vivent dans une furtivité d’images
Multipliées en reflets.
Construction du souvenir.
Images qui se troublent et se fondent.
L’avenir résulte de causes que ne pouvons saisir.
Suis-je hors du temps ou soumis à ses lois ?
Trouvons-nous tous le même sens à ce que nous lisons ?
Et qu’en est-il en traduction ?
Que traduit-on, des mots ou un sens ?
Outside the Realm of Time est une composition qui a été commandée par la Südwestrundfunk. Elle a été exécutée pour la première fois à l’occasion des Donaueschinger Musiktage 2022. A l'issue du festival, l'œuvre a été couronnée du Prix du Symphonieorchester de la SWR. L’œuvre est écrite pour un soliste-hologramme et un orchestre comprenant entre autres trois grands groupes de percussions.
Le texte est basé sur des écrits de Marcel Proust où il parle de la relation et de l’interdépendance du temps et de la pensée. Il présente en courtes phrases précises et provocantes des réflexions sur le passé, le présent et le futur. L’œuvre traite de la relation entre existence et mémoire ; sous l’influence du temps, la mémoire faiblit, et ce qui s’est passé vient à s’oublier, cesse d’exister. La partie vocale comprend également des références au futur et à notre approche d’un inconnu qui demeure dans un domaine de conjectures et celui de notre imagination.
La partie vocale est exécutée en polonais par un hologramme de la compositrice. Celle-ci apparaît en différents costumes qui représentent divers fragments du texte. Aussi bien la partie hologramme (visuelle) que l’orchestrale (sonore) renvoient au contenu du texte et au sujet dont parle celui-ci.
On peut entendre dans la matière musicale une grande diversité et une approche ingénieuse de l’instrumentation, par exemple par la juxtaposition d’instruments aux sonorités extrêmes. L’œuvre explore également les possibilités technique et d’expression de la voix humaine.
L’œuvre dure environ vingt-cinq minutes.
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Texte de Marcel Proust
Mais nous nous représentons l’avenir comme un reflet du présent projeté dans un espace vide, tandis qu’il est le résultat, souvent tout prochain, de causes qui nous échappent pour la plupart.
1 .
Un être… relève de la mémoire, et la mémoire d’un moment n’est pas instruite de tout ce qui s’est passé depuis ; ce moment qu’elle a enregistré existe encore, vit encore, et avec lui l’être qui s’y profilait.
2 .
Je n’étais pas situé en dehors du Temps, mais soumis à ses lois…
3 .
Et cela continuait sa mort, la mémoire suffisant à entretenir la vie réelle, qui est mentale.
4 .
M’aidaient à mieux comprendre la contradiction que c’est de chercher dans la réalité les tableaux de la mémoire, auxquels manqueraient toujours le charme qui leur vient de la mémoire même et de n’être pas perçus par les sens. La réalité que j’avais connue n’existait plus.
5.
Le souvenir d'une certaine image n'est que le regret d'un certain instant; et les maisons, les routes, les avenues, sont fugitives, hélas, comme les années.
6.
Mais, quand d’un passé ancien rien ne subsiste, après la mort des êtres, après la destruction des choses, seules, plus frêles mais plus vivaces, plus immatérielles, plus persistantes, plus fidèles, l’odeur et la saveur restent encore longtemps, comme des âmes, à se rappeler, à attendre, à espérer, sur la ruine de tout le reste, à porter sans fléchir, sur leur gouttelette presque impalpable, l’édifice immense du souvenir.
7.
C'est grâce à cet oubli seul que nous pouvons de temps à autre retrouver l'être que nous fûmes, nous placer vis-à-vis des choses comme cet être l'était, souffrir à nouveau, parce que nous ne sommes plus nous, mais lui, et qu'il aimait ce qui nous est maintenant indifférent. Au grand jour de la mémoire habituelle, les images du passé pâlissent peu à peu, s'effacent, il ne reste plus rien d'elles, nous ne le retrouverons plus.