Born in Paris, Michaël Levinas went through the classical and high level teaching of the National Superior Conservatory of Paris, running at once studies of piano, the famous class of accompaniment, orchestra conducting and composing. In that institution he met the great musicians who made the deepest impression on him, in particular, the pianists Vlado Perlemuter, Yvonne Lefébure, but also Yvonne Loriod and Olivier Messiaen.
Besides those classical studies at the National Superior Conservatory of Paris, his musical training was marked from his very early childhood by another musical tradition, the Russian school of piano, thanks to his mother, the pianist Raissa Lévy. Coming from Moscow and Lithuania, she had studied several years in Vienna, in particular with the virtuosi and teachers Sirota, Isserlis and some other great piano masters of Central Europe. This musical tradition was also those musicians’ one, at the same time performers and creators.
Michaël Levinas was appointed as scholarship student at the Villa Medicis in Rome, directed then by the painter Balthus, another of his great encounters.
He created in 1973, with his classmates of Messiaen’s class, Tristan Murail and Gérard Grisey, the ensemble Itinéraire.
Between his first works, like Arsis et Thésis (1971), Clov et Hamm (1973), Appels (1974), Froissements d’ailes (1975), Ouverture pour une fête étrange (1979), Concerto pour un piano espace (1977-1981, including his great works for orchestra, like La Cloche fêlée (1988), Par-delà (1994), Évanoui (2009) or very recently Amphithéâtre (2012), Michaël Levinas is a pioneer regarding to the new ideas of the instrumental writing and the development of the sound range by the technological environments. His works for ensemble, orchestra and soloist are created and repeated by the most famous ensembles, festivals and institutions in France and abroad : Festival of Donaueschingen, International meetings of de Darmstadt, Ircam, Cité de la Musique, Ensemble InterContemporain, Ensemble Ictus, Ensemble Itinéraire, Klang Forum, Le Balcon, Radio France, Multilatérales, Biennale de Venise…
Let us add that within the contemporary musical scene, Michaël Levinas is above all characterized by an undeniable dramatic gift, a connection with the text, the theatre and the scene. Michaël Levinas is well known as a composer of operas and was commissioned by important European theatres. Since La Conférence des oiseaux (1985), he wrote not less than three great lyrical works, all of them created in important European theatres : Go-gol (1996), adapted from Gogol’s novel, (Le Manteau) ; Les Nègres, adapted from Jean Genêt’s text ; La Métamorphose (2010), adapted from Kafka’s story. This closeness with the text, literature, poetry is central to the close relation which Michaël Levinas maintained all his life with his father, the philosopher Emmanuel Levinas, who passed on to him the taste of languages, thought, risk, interpretation and writing.
A new opera, adapted from Saint Exupéry’s Le Petit Prince (commissioned by both operas of Lausanne and Lille) is created in 2015 in these two theatres as well as in the Grand Théâtre de Genève, the Chatelet in Paris, and then in Liège.
Michaël Levinas teaches at the National Superior Conservatory of Music of Paris and is Member of the Beaux-Arts Academie of the Institut de France.
Pianiste, concertiste et compositeur, Michaël Lévinas occupe un espace original dans la vie musicale d'aujourd'hui. Ce double profil détermine son interprétation et son écriture. Il a eu pour maîtres Vlado Perlemuter, Yvonne Loriod et Olivier Messiaen. Il a été pensionnaire à la Villa Médicis, dirigée alors par le peintre Balthus.?
Souvent relié au courant spectral et à la fondation de l'Ensemble l'Itinéraire, le parcours de compositeur de Michaël Levinas s'identifie avec la création d'oeuvres très remarquées. Citons parmi celles-ci Appels (1974), Ouverture pour une fête étrange (1979), la Conférence des oiseaux (1985), Par delà (commande du festival de Donaueschingen pour l'Orchestre de la Südwestfunk sous la direction de Michaël Gielen en 1994) et plus récemment Implorations (Printemps des Arts 2007) ou son opéra Go-gol (créé par le festival Musica de Strasbourg, l'Ircam et l'opéra de Montpellier dans une mise en scène de Daniel Mesguich en 1996). Son opéra Les Nègres, d'après la pièce de Jean Genet, dont le compositeur a établi le livret était une commande de l'Opéra National de Lyon et de l'Opéra de Genève, créé en 2004 dans une mise en scène de Stanislas Nordey et repris au grand théâtre de Freiburg, en 2006, dans une nouvelle production. L'enregistrement qui en est paru chez Sisyphe en 2008 est un succès public et critique.?
Son travail sur ce qu'il nomme les "polyphonies paradoxales", fondées principalement sur un contrepoint complexe de timbres et sur des variations de tempéraments, a engendré entre autres Les Lettres enlacées IV (2000), Se briser pour ensemble (2008, commande du festival Ars Musica, Bruxelles) et Evanoui pour orchestre et électronique (commande de Radio France, créée le 6 mars 2009 à Paris, électronique Ircam).?
L’année 2008 a été particulièrement intense .Michaël Levinas a été en résidence à l’Abbaye d’Ardenne avec l’ensemble DeCaelis. Trois œuvres ont été créées durant cette année : « Les trois chansons pour la Loterie Pierrot et Jean la Grêle » , »Le O du Haut » et une pièce d’orgue commandée par « Musique nouvelle en liberté » et créée aux « Paris de la musique « en novembre 2008, à l’Eglise Saint Etienne du Mont par Thierry Eschaich.
Michaël levinas est en résidence actuellement au CIRM à Nice et termine une nouvelle pièce sur des poèmes de Gerashim Luca. la création est prévue le 20 novembre 2009 aux MANCA.
Un troisième opéra, composé d'après La Métamorphose de Franz Kafka, est aujourd'hui en cours de conception et de composition en collaboration avec Valère Novarina et Emmanuel Moses. Cette oeuvre, commande de l'Opéra de Lille, y sera créée au printemps 2011.?
Michaël Lévinas est professeur au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris.
Il a été elu en mars 2009 par l’Académie des Beaux Arts au fauteuil de Jean-Louis Florentz.
Le « O » du Haut est une commande des Neue Vocal Solisten de Stuttgart. Il s’agit de deux madrigaux dans lesquels je fais chanter deux poésies du poète roumain Gerashim Luca, le Triple et Ma déraison d’être, poèmes tirés du recueil héros-limite publié chez Corti.
Ces madrigaux sont écrits pour un ensemble vocal mixte : trois voix de femmes (deux sopranos et une mezzo-soprano) et trois voix d’hommes, un haute-contre, un baryton et une basse.
La conception du « O » du Haut est contemporaine du travail effectué pour Les trois Chansons pour la loterie Pierrot et Jean la Grêle sur les textes de Novarina.
Les préoccupations musicales et les modes d’écritures sont très proches et ces deux œuvres ont été données ensemble lors d’un concert à l’abbaye de Royaumont en septembre 2008.
Gerashim Luca est un poête issu du courant lettriste. Il s’en est distancié en utilisant des structures grammaticales qui constituent la phrase et ses poèmes font souvent référence à une forme de versification avec des enjambements complexes et retors. Il revient parfois à des formes très repérables comme le rondo notamment. Mais l’origine lettriste de Luca lui ouvre un champ sonore particulier qui ne peut que fasciner le musicien.
Les mots, leurs assemblages, la structure linguistique et sémiotique de la phrase jouent sur la perception lettriste de la langue française.
J’ai retrouvé dans ces poèmes cette ambivalence si riche entre « le son et le sens » : « le O du Haut » ou bien encore, « le N de la Haine ».
Il y a aussi dans la poétique de Luca et son jeu entre le son et le sens une alchimie entre les mots, les multiples variantes de la prononciation d’une voyelle en français (par exemple, la prononciation différente de la voyelle O dans les mots suivants : viOle, viOlon) la redécouverte de ce que j’appelle : les retournements du merveilleux verlainien.
J’ai retrouvé, en mettant en musique ces poèmes, le style madrigaliste. Il s’agit, encore davantage que dans Les trois chansons pour la Loterie Pierrot, de véritables grilles harmoniques qui s’altèrent et dérivent lentement et d’intervalles faussement parallèles entre les voix car issus en fait d’échanges contrapuntiques.
Il y a aussi chez Gerashim Luca des périodes qui ne font pas seulement références au rondo. On peut y entendre aussi le souvenir de sa tradition ancestrale : les acclamations très particulières du rite religieux des offices de la tradition juive d’Europe Centrale (les larmes chantantes de l’officiant et le passage alterné du murmure et du cri des acclamations-commentaires de l’assemblée)
L’OFFICIANT : le désespoir
L’ASSEMBLÉE : le désespoir a deux paires de jambes, trois paires de jambes, quatre paires de jambes…
La mise en musique de ce poème s’impose alors pour moi !
Il serait trop réducteur de ramener ces forces poétiques de Luca aux seuls décryptage lacanien de l’inconscient des signifiant du son des mots, même si la conclusion du poème chante : le désespoir n’a pas de PAIRES… de jambes.
La souplesse unique de la langue française créée toujours ces structures rythmiques complexes que j’appelle des « lettres-accents ».
Ces « lettres-accents » se dégagent par l’écoute lettriste du mot et de la phrase d’un sens trop réducteur.
Alors naît la mélodie et la polyphonie madrigaliste. Se dégage aussi ces structures linguistiques et musicales purement abstraites, une poétique des proportions froides et pures.
Michaël Levinas
NOTICE
La « brisure » est une métaphore utilisée par les instrumentistes pour identifier un mode de jeu spécifique. Ainsi, pour un pianiste, briser une octave consiste à alterner dans un trémolo les deux hauteurs d’un intervalle.
Se briserreprésente une étape dans un travail d’écriture polyphonique initié tout d’abord avec ma pièce pour quintette à cordes Les lettres enlacées IV, l’ouverture de mon opéra Les nègres et mon deuxième quatuor à cordes.
Il s’agit de conduire un lent processus qui évolue d’une homophonie vers une lente brisure. Ce processus qui génère une forme musicale, obéit à plusieurs principes que je vais tenter d’analyser et résumer :
1° Le phénomène de « polyphonies paradoxales » : il s’agit un processus presque infini de redéploiement d’octaves qui donne l’illusion acoustique d’abolir la différence entre les échelles qui montent et celles qui descendent. Cette technique d’écriture, psycho-acoustique s’inspire de celles développées par Risset dans « Mutations » et par Ligeti dans certaines de ces études pour piano. On peut déceler une expérience prémonitoire de ce type de polyphonie chez Debussy dans son prélude Voiles pour piano. On retrouve aussi ces perceptions paradoxales dans les dessins d’Escher.
2° L’élaboration des échelles qui se transforment lentement constitue des grilles harmoniques (accords qui se brisent). Ces échelles et ces harmonies s’altèrent et produisent un « effet doppler ».
3° Les brisures font découvrir des mouvements polyphoniques en diagonales qui s’apparentent sans doute à la fois aux brisures du clavier de l’époque romantique (Schumann, Brahms, Liszt) mais aussi sans doute à la KlangfarbenMelodie...
Nous avons donc à la fois une polyphonie en diagonale qui se dessine entre les lignes et une brisure de l’accord qui s’altère harmoniquement dans sa relation spectrale entre la fondamentale et ses partiels : un accord qui évolue en « effet doppler » lui aussi.
4° Ce langage harmonique superpose des diapasons différents et un ensemble instrumental particulier. Des cordes pincées, frappées, percussions et vent.
5° L’écriture rythmique de Se briser se veut reprendre certaines notations des Préludes non mesurés de Couperin en suivant l’évolution de l’altération des échelles harmoniques les accélérations, et les ralentissements des brisures.
Cette pièce a été reprise en partie et développée dans une œuvre pour grand orchestre Évanoui (2009).
Se briserfut l’occasion de mettre en adéquation la relation entre la composition d’un groupe d’instruments et les structures internes d’un langage musical.
Dans Évanoui j’ai conservé et complété un petit orchestre distinct de l’orchestre symphonique hérité de l’époque du langage tonal et du tempérament égal. Ce petit ensemble reprend dans les grandes lignes la formation instrumentale et les diapasons de Se briser.
Michaël Levinas
Pianiste, concertiste et compositeur, Michaël Lévinas occupe un espace original dans la vie musicale d'aujourd'hui. Ce double profil détermine son interprétation et son écriture. Il a eu pour maîtres Vlado Perlemuter, Yvonne Loriod et Olivier Messiaen. Il a été pensionnaire à la Villa Médicis, dirigée alors par le peintre Balthus.?
Souvent relié au courant spectral et à la fondation de l'Ensemble l'Itinéraire, le parcours de compositeur de Michaël Levinas s'identifie avec la création d'oeuvres très remarquées. Citons parmi celles-ci Appels (1974), Ouverture pour une fête étrange (1979), la Conférence des oiseaux (1985), Par delà (commande du festival de Donaueschingen pour l'Orchestre de la Südwestfunk sous la direction de Michaël Gielen en 1994) et plus récemment Implorations (Printemps des Arts 2007) ou son opéra Go-gol (créé par le festival Musica de Strasbourg, l'Ircam et l'opéra de Montpellier dans une mise en scène de Daniel Mesguich en 1996). Son opéra Les Nègres, d'après la pièce de Jean Genet, dont le compositeur a établi le livret était une commande de l'Opéra National de Lyon et de l'Opéra de Genève, créé en 2004 dans une mise en scène de Stanislas Nordey et repris au grand théâtre de Freiburg, en 2006, dans une nouvelle production. L'enregistrement qui en est paru chez Sisyphe en 2008 est un succès public et critique.?
Son travail sur ce qu'il nomme les "polyphonies paradoxales", fondées principalement sur un contrepoint complexe de timbres et sur des variations de tempéraments, a engendré entre autres Les Lettres enlacées IV (2000), Se briser pour ensemble (2008, commande du festival Ars Musica, Bruxelles) et Evanoui pour orchestre et électronique (commande de Radio France, créée le 6 mars 2009 à Paris, électronique Ircam).?
L’année 2008 a été particulièrement intense .Michaël Levinas a été en résidence à l’Abbaye d’Ardenne avec l’ensemble DeCaelis. Trois œuvres ont été créées durant cette année : "Les trois chansons pour la Loterie Pierrot et Jean la Grêle" , "Le O du Haut" et une pièce d’orgue commandée par "Musique nouvelle en liberté" et créée aux "Paris de la musique" en novembre 2008, à l’Eglise Saint Etienne du Mont par Thierry Eschaich.
Michaël levinas est en résidence actuellement au CIRM à Nice et termine une nouvelle pièce sur des poèmes de Gerashim Luca. la création est prévue le 20 novembre 2009 aux MANCA.
Un troisième opéra, composé d'après La Métamorphose de Franz Kafka, est aujourd'hui en cours de conception et de composition en collaboration avec Valère Novarina et Emmanuel Moses. Cette oeuvre, commande de l'Opéra de Lille, y sera créée au printemps 2011.?
Michaël Lévinas est professeur au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris.
Il a été elu en mars 2009 par l’Académie des Beaux Arts au fauteuil de Jean-Louis Florentz.
Commande de l’IMEC et de l’Abbaye de Royaumont, ces trois chansons qui mettent en musique des textes de Valère Novarina ont été écrites pour l’ensemble vocal De Caelis (cinq voix de femmes spécialisées dans l’interprétation de la musique médiévale).
Les choix qui ont guidé l’écriture de cette pièce sont liés à des préoccupations concernant, non seulement la relation texte-musique, la structure littéraire d’un texte et la forme musicale. Ces préoccupations portent sur une problématique très circonscrite : décrypter un lien plus originaire entre des structures linguistiques et sémiotiques d’une phrase et celles qui génèrent ce que j’entends par le terme : phrase musicale.
Dans Trois Chansons pour la Loterie Pierrot et Jean la Grêle, tout comme dans Le O du Haut, le travail de composition se fonde sur cette relation complexe qui se noue entre « le son et le sens ».
Il en résulte une écriture polyphonique, basée sur l’Arsis et Thésis de la phrase musicale soulignée par des processus harmoniques, une organisation de l’accentuation et du rythme basé, à la fois sur la tension-détente harmonique, l’évolution des échelles et la prosodie si souple d’une langue française pour laquelle j’exige l’exactitude d’une prononciation populaire, telle que j’ai pu l’entendre dans mon enfance chez les « gens de la campagne » (la deuxième chanson en particulier… La loterie Pierrot …).
La chair de l’Hommede Valère Novarina, livre puissamment original, à la fois prose, poésie et théâtre virtuel correspondait exactement à mes attentes et aux orientations de mon écriture.
Les cinq chanteuses de l’ensemble De Caelis, placées en pentagone sur la scène, « s’interpellent... Elles fragmentent dans l’espace les noms propres, les mots, les formes grammaticales de la langue de Novarina.
Les voyelles opèrent des cycles giratoires dans l’espace. Elles passent ainsi d’une voix à l’autre, faisant évoluer par ce déplacement dans l’espace les hauteurs chantées, comme un effet doppler. Il ne faut pas se méprendre sur l’apparente simplicité grammaticale des textes que j’ai choisi dans « La Chair de l’Homme » de Novarina : le sujet, le verbe et le complément d’objet direct. Cette apparente simplicité grammaticale, sans cesse réitérée, révèle pour moi l’essence de la phrase musicale et une forme qui s’inspire de ce théâtre virtuel de Novarina et sa quête métaphysique.
Ce livre de Novarina est aussi une allégorie de la temporalité de ses pièces et des personnages de son théâtre.
Jean la Grêle et la multitude des autres noms morts ou vivants apparaissent, sortent de leurs mondes modestes, leurs tombes. Ils participent à une fête foraine onirique, puis la « loterie Pierrot qui s’arrête (doucement…) sur le huit. »
Le prologue à la deuxième chanson, consiste à réveiller les morts par une longue énumération liturgique des noms. Novarina consacre plusieurs pages de La chair de l’Homme à cette énumération des noms.
La dernière des trois chansons est consacrée au nom presque imprononçable de « Deus ».
Michaël levinas