Son opéra, Pan, sur des textes de Christophe Tarkos, a été créé le 30 septembre 2005 à l’Opéra national du Rhin à Strasbourg dans une mise en scène de Pascal Rambert avec les acteurs performeurs de la compagnie Side one posthume, par Maria Bendi Merad (soprano), Nicole Tibbels (soprano), Michael Bennett (ténor), Eric Daubresse (informatique musicale réalisée à l’Ircam), les choeurs de l’Opéra national du Rhin et l’Orchestre symphonique de Mulhouse placés sous la direction d’André Valade.
Opéra sans livret, sans personnages, sans intrigue ni action, Pan « raconte tout et rien », c’est une porte ouverte sur l’imaginaire, sur la résonance d’un texte, celui du poète Tarkos. « Le choix de Tarkos est judicieux pour le monde dans lequel nous vivons, un monde où nous ressentons tous non pas une perte de sens, mais une difficulté à cerner le sens. Il y a donc des êtres atomisés et des histoires atomisées. » (Pascal Rambert) « Le lien avec le texte, je l’ai cherché dans la sonorité de la langue plus que dans le narratif. Sa langue implique des rythmes et des choses plus indéfinissables. Nous sommes dans le domaine de la poésie. (…) J’ai composé la musique d’abord, sans l’associer avec le texte, après quoi seulement j’ai écrit les voix. Pour entrer dans les passages choisis et évaluer leur timing, je les ai enregistrés sur ordinateur portable, avec un son médiocre.
Pascal Rambert a du reste été intéressé par cette lecture, cette mauvaise qualité du son, et les a injectés tels quels dans l’opéra. Dans toute ma démarche, j’ai évité toute linéarité et recherché plutôt les effets contradictoires, les ruptures. Je ne voulais surtout pas d’une fonction d’accompagnement du texte. La musique doit garder son autonomie. »
(Extraits d’entretien avec Marc Monnet – Livret de l’Opéra du Rhin)
L’Orchestre est un orchestre conventionnel renforcé dans les cuivres graves très fournis (3 bassons et un contre basson, 4 cors, 4 trombones, 3 tubas dont 2 basses…) et auquel sont intégrés trois claviers midi. Les sons électroniques sont transformés en temps réel. Toute la musique est écrite (même les bruits continus).
« Le seul champ offert à l’improvisation proprement dite est celui qu’occupe l’excellent guitariste Marc Ducret, à qui j’ai demandé, et la chose n’est pas innocente, d’intervenir dans l’opéra, mais en restant lui-même, en ne s’intéressant pas du tout à ma musique, et la contrant par sa présence et par son jeu. J’ai voulu l’irruption, différente à chaque fois puisque c’est un improvisateur, de contresens non construits, l’ouverture vers d’autres imprévus. »
(M. Monnet, id)
Les choeurs sont presque constamment sollicités ainsi que les 3 solistes vocaux. « La voix renonce au lyrisme, préférant l’ouverture au babillage, et à l’effervescence rythmée de l’onomatopée et de la phonation pulsante » (G. Gromer - Livret de l’Opéra du Rhin) collant ainsi au style de Tarkos qui joue des répétitions obsédantes et des énumérations à parenté phonique.
« La musique de Pan produit donc la curieuse impression d’un zapping permanent qui ne souffre pas de discontinuité. »
(Pierre Gervasoni, Le Monde du 01.10.2005)
Jouant de collages et d’influences diverses (de Stravinski à Piazzola en passant par Philip Glass ou la pulsation d’un Steve Reich), Marc Monnet offre une musique jouissive, sans cesse inattendue, alliant légèreté et profondeur.
« Efficace, grâce au métier de Marc Monnet et de Pascal Rambert, dans une innovation propre à notre époque, Pan est la création qu’il fallait à l’opéra pour rejoindre la danse et le théâtre dans l’audace »
(P. Gervasoni, id)
Durée : environ 75 minutes