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Biographie

After studying (clarinet) at the Conservatoire in Bern, he trained with Pierre Dervaux (conducting), and Edison Denissov (composition). He then worked with Cristóbal Halffter, Heinz Holliger, Klaus Huber and studied with Pierre Boulez at IRCAM. In addition to conducting and participating in festivals (e.g. World Music Days and L’Art pour l’Aar Festival in Switzerland), his creative work is considerable. It includes all genres from opera to choral, symphonic and chamber orchestral works.

He founded L’Ensemble ORION with his son, horn player Olivier Darbellay, and daughter, violinist Noëlle-Anne Darbellay. In 1992 in Perugia, he worked with John Cage during his last stay in Europe. That same year, he and his wife Elisabeth Darbellay premiered György Kurtág’s Lebenslauf at the WDR Festival in Witten. Jean-Luc Darbellay regularly receives commissions from major radio stations, including Radio-France, Leipzig Radio (Requiem for Soloists, Chorus and Orchestra, reprised at the Lucerne Festival in 2010) and CRPLF. Radio Suisse Romande commissioned Oyama, premiered by Orchestre de la Suisse Romande, which also played Dernière lettre à Théo in 2010. He has performed the world over, from Leipzig to Moscow, Luxembourg to Yokohama, Vienna to Hong Kong... Recordings have been made of many of his works (published by Ricordi Munich), including Jean-Luc Darbellay: a Portrait (Claves Records), rewarded by Académie Charles Cros, and Musiques Suisses - Grammont Portrait with his chamber music.

He was Composer-in-Residence 2011/12 with the Lausanne Chamber Orchestra. Cosmos for multi percussion and orchestra (commissioned by RTSR and ’OCL) premiered with Evelyn Glennie and conductor Pascal Rophé on that occasion. He was Composer-in-Residence for the “Sommets Musicaux de Gstaad” Festival in 2012.
In 2005, the French State made him Chevalier of the Ordre des Arts et des Lettres.
 

Œuvre

Anges

Pour orchestre
Publication : Musica Mundana
SÉLECTION 2018

Œuvre nominée en 2018
pour le Prix de Composition Musicale 2018

Paul Klee, poète, musicien et peintre a vécu toute sa jeunesse à Berne, une ville qu’il a immortalisée à maintes reprises.
En levant les yeux de ma table de travail, j’aperçois un magnifique panorama : Perchée sur la rive gauche de l’Aar je distingue à droite, la cathédrale, un sujet préféré du peintre. À côté, le Casino, la salle de concert. En face l’hôtel Bellevue et le palais fédéral. À gauche la “Kunsthalle“, l’édifice où ont eu lieu des expositions importantes de Paul Klee, au bout du pont du “Kirchenfeld“, qui apparait aussi sur quelques dessins du peintre. J’ai donc le privilège d’être le “voisin“ de Paul Klee qui vivait et travaillait juste à côté de chez nous il y a une centaine d’années.


J’ai pris des photos depuis mon jardin secret, les “Englische Anlagen“, une forêt sur la rive droite de la rivière, un petit peu, aussi, pour prouver à Pierre Boulez que Berne n’était pas vraiment cette ville de province déprimante, qui n’a pas réussi à inspirer Paul Klee, du moins au niveau musical, comme il le suggère dans son livre, “Le pays fertile“, par ailleurs très intéressant. Selon la théorie de l’éminent compositeur, notre peintre, qui était un excellent violoniste, n’avait jamais eu envie de jouer de la musique écrite par les compositeurs de son époque puisqu’il n’avait eu aucune impulsion artistique, perdu dans cette ville trop paisible.
Paul Klee a dessiné en 1910 sur du verre, la silhouette de notre cité. Il a, ensuite, projeté le dessin sur une feuille de papier en utilisant une flamme vacillante d’une lampe à pétrole, pour obtenir une “distorsion correcte“ du sujet. Inversé, ce dessin fait penser à un reflet dans l’eau de l’Aar, qui ruisselle tranquillement en hiver.


Il a, en quelque sorte découvert un procédé menant à l’abstraction à partir d’un sujet figuratif très marquant, tout comme Einstein qui a défini sa célèbre formule selon laquelle l’énergie contenue dans la matière est égale à la masse multipliée par la vitesse de la lumière au carré, à la même période, et, tout cela à Berne !
L’artiste et le scientifique ont été à l’origine des bouleversements absolument énormes qui ont remis en question toutes les lois de la peinture et celles de la physique antérieures à leurs découvertes.
En parallèle à ces préoccupations plutôt théoriques l’intérêt de Paul Klee s’orientait vers les phénomènes spirituels qu’il constatait dans les domaines inconscients de l’inspiration artistique, de la poésie et des effets provoqués sur les humains par la musique.


D’un côté il était fasciné par les anges qui, pour lui, peuplaient l’espace mystérieux entre terre et ciel. Il a réalisé une cinquantaine de dessins et de tableaux esquissant ces êtres difficiles à cerner depuis sa tendre jeunesse.
La figure de l’ange nous révèle ce que Goethe dit de la poésie, “contempler l’universel dans le particulier“ et ce que Klee dit de la peinture “non rendre le visible, mais rendre visible“.
Le peintre saisit ses anges au vol : souvent il les réalise d’un unique trait de crayon. Parmi ces dessins sont particulièrement intéressants : L’ange bousculé par les effets des deux guerres (“Angelus novus“) que le peintre avait vécues, avec la perte de ses meilleurs amis August Macke et Franz Marc qui, eux, étaient persuadés de la nécessité de la première guerre mondiale pour “nettoyer l’esprit“ décadent de l’époque, une idée que Paul Klee ne partageait pas, ainsi que “l’ange oublieux“, “l’ange en devenir“, “l’ange vigilant“ et “l’ange au grelot“.


De l’autre côté, les doutes concernant l’évolution de l’humanité, la perte de sa place de professeur à l’académie des beaux-arts à Düsseldorf par les Nazis, qui nettoyaient, eux, les institutions en éliminant les artistes “dégénérés“ et sa maladie grave (la sclérodermie, qui se traduit par un durcissement de la peau et des organes internes provoqué par une inflammation auto-immune) le rongeaient et sont à l’origine de beaucoup de sujets déprimants de ses travaux.
Heureusement que la musique lui réservait des moments de bonheur et parfois des réflexions hilarantes. Ainsi le “solo fatal“ du bassoniste l’amusait (il pourrait bien s’agir du solo pernicieux dans le dernier mouvement de la 4ème symphonie de Beethoven, qu’il jouait comme membre de l’orchestre de Berne dès l’âge de 11 ans !), tout comme le “pianiste en péril“ qui ne sait plus à quels saints se vouer (il a un pot de chambre sous son siège !).


“Le timbalier“, très impressionnant, qui fixe d’un oeil critique le chef d’orchestre a été réalisé pendant la dernière année de sa vie où l’activité du peintre a littéralement explosé : 375 oeuvres en quelques mois !
“Le passage pour cor naturel“, un tableau du type “hiéroglyphe“ fait allusion à la complexité de l’instrument le plus délicat de l’orchestre.
“Un jardin pour Orphée“ nous présente un dessin très riche, réalisé uniquement à partir de lignes parallèles horizontales, verticales et diagonales qui nous fait penser à une musique mystérieuse qui pourrait être celle de Jean-Sébastien Bach.