Violaine Bellassen est fille de rapatriés d’Algérie, juifs séfarades qui ont occulté un passé trop lourd à porter. Journaliste et scénariste, elle accepte tous les travaux pour oublier « les silences des familles [qui] sont toujours des blessures recousues en vitesse ». Ainsi, consent-t-elle, à contrecoeur, de travailler sur Simenon, ce « frère d’intranquillité, ce héros d’un monde gris et sans Dieu » qu’elle considère comme son exact contraire.
Partant sur les traces de l’auteur, Violaine se lance dans une véritable quête identitaire via Paris, le Maroc - où elle espère trouver un cahier autobiographique rédigé par son grand-père, gardien de la mémoire familiale - et New York. Enquêtant sur la période new-yorkaise de Simenon, elle y retrouve une amie d’enfance, Yaël, qui n’a pas coupé les ponts avec son identité juive. Refusant peu à peu le fardeau de nostalgie qui accable ses parents, Violaine commence à se reconstruire : « Elle a demandé à d’autres fils et filles d’exilés si leurs parents ont la gorge nouée en évoquant le pays quitté, si cela les empêche de parler.. Ils l’ont, souvent. Ils choisissent le silence pour transmettre la mémoire. Parmi leurs enfants, certains s’en privent, d’autres s’en moquent. Quelques-uns, enfin, l’inventent. Sujets libres. »