" Viola Concerto (2016-2017) "
Pour orchestre
Editions Boosey & Hawkes
SÉLECTION 2020
- Lauréat : Le Coup de Coeur des Jeunes Mélomanes 2022
- Sélectionné pour : Le Prix de Composition Musicale 2021
> Commande de ACHT BRÜCKEN / Musik für Köln et Seoul Philharmonic Orchestra / Fondation Ernst von Siemens
> Création le 6 mai 2018 au Festival ACHT BRÜKEN/Musik für / Kölner Philharmonie Köln - par Tabea Zimmermann, Viola / Gürzenich-Orchester Köln dir. François-Xavier Roth.
Cette œuvre compte trois mouvements. Tous trois reposent sur une seule « forme de son » (« Klanggestalt ») qui émerge d’une « cellule primordiale » de secondes mineures et majeures, pour se déployer en une figure de mélodie harmonique dans les 30 tonalités, laquelle n’est pas élaborée selon les critères de tonalités traditionnelles, mais repose sur des caractéristiques de la logique musicale.
Cette forme de son ne retentit pas franchement. Au contraire, ses différentes facettes sont souvent coupées, séquencées, variées, etc. Ce principe d’élaboration peut être décrit comme le « développement permanent » d’une structure fondée sur un même thème, en son sens le plus large. Pour le dire autrement, cette forme de son et ses équivalents dans d’autres de mes œuvres ne sont pas des entités rigides, mais flexibles. De fait, ma manière de les aborder au cours du processus de composition me permet d’éviter des mécanismes rigides, pour au contraire les illuminer et les remodeler sans cesse dans leur structure et leur expressivité.
Afin d’exprimer ce moment de transformation contrastée de la perspective d’une façon uniquement externe, j’ai choisi un concert classique en trois mouvements, avec la diversité de caractéristiques qui lui est inhérente.
Le premier mouvement peut par certains égards rappeler une sonate, car il se distingue parfois par de forts contrastes et des moments d’exubérance. En outre, la deuxième partie du mouvement présente des traits qui rappellent assez les principes d’une réexposition, sans oublier une courte cadence, pendant laquelle l’alto solo entame la conversation avec une clarinette solo.
L’alto ouvre seul le deuxième mouvement avec une mélodie mélancolique inspirée du célèbre poème de Paul Verlaine intitulé Chanson d’automne (« Les sanglots longs des violons de l’automne... »). Ce mouvement est dédié à la mémoire de Pierre Boulez. La mélodie à neuf mesures, qui croît à partir du premier segment de la forme de son, constitue les fondations d’une chaconne, c’est-à-dire un enchaînement de variations clairement structuré, à la conclusion duquel l’alto solo doit faire montre d’une virtuosité extrême.
Le troisième mouvement a un rythme extrêmement vif et se déploie à la manière d’un rondo. Cependant, il ne s’agit jamais de simples répétitions, mais le motif principal, dérivé de la forme ronde, qui se poursuit différemment à chaque récurrence, trace pour ainsi dire un nouveau chemin. Cette polarité entre le caractère identique et le caractère distinct donne lieu à un moment de tension, qui m’a toujours paru crucial.
York Höller - Cologne, February 2017 (Trad.)