Conférences

Conférences

Saison 2020

Anciennes saisons de conférences 1967-2023

A Monaco :
Les 20 janvier, 3 février, 23 mars.

Hors les murs :
Le 8 avril à Rome, le 10 juin à Paris.

 

Lundi 20 janvier - 18h30
Théâtre des Variétés - Monaco

« Ecrire c’est comme vivre, ça vous tombe dessus comme un coup de foudre »
Susie Morgenstern

« C’est ce qui m’est arrivé quand j’étais petite. J’ai tout de suite aimé le crayon, le papier, les cahiers, le papier à lettre. À la folie ! J’y voyais un pouvoir magique : je pouvais coincer dans mes cahiers tout ce que je voyais, tout ce que je ressentais. Je pouvais
crier sans émettre un son. Je pouvais faire rire une feuille de papier inanimé. Je pouvais raconter les pires secrets sans les révéler à qui que ce soit. Je pouvais me tenir compagnie tout en restant seule. Je pouvais aussi pleurer des larmes d’encre. Et surtout, je pouvais enfin parler, car je vivais dans une famille très bruyante et la seule façon pour moi de placer un mot, c’était de l’écrire. Et puis, j’étais Dieu ! Je pouvais faire disparaître mes ennemis et créer un monde idéal. Oui, je détenais un vrai pouvoir magique ! J’aimerais partager ma passion avec vous et vous dire que, pour être écrivain, il n’y a pas de secret : il faut écrire !
L’écriture est une activité qu’il faut pratiquer comme on pratique un sport : elle demande à s’entraîner, à apprendre à être endurant, à ne pas se décourager. Il faut écrire tous les jours, libérer sa main, construire sa confiance en soi, plonger.
L’écriture et moi, ça a été le coup de foudre, mais on peut apprendre autrement à aimer écrire : cet amour peut venir en fréquentant l’ami papier. Comme la passion du ballon naît en le poussant, en donnant quelques coups de pieds, pour le crayon, c’est la même chose. On le pousse aussi en donnant quelques coups de doigts… Et une fois que la passion est là, on peut aller jusqu’à la lune ! »

Lundi 3 février - 18h30
Théâtre des Variétés - Monaco

Danser la vie
Jean-Christophe Maillot, interrogé par Laura Cappelle (journaliste)

Un chorégraphe a la particularité de dépendre des autres pour créer : de la scénographie aux interprètes, en passant par la musique, son processus de travail passe par le collectif. Depuis 1993, Jean-Christophe Maillot a su créer aux Ballets de Monte-Carlo les conditions nécessaires au développement d’un répertoire riche et unique de plus de quarante ballets, qui va de la relecture des grandes oeuvres du répertoire classique (La Belle, LAC, Coppél-i.A) à des explorations abstraites des possibilités du mouvement. En dialogue avec Laura Cappelle, critique de danse et sociologue, le chorégraphe monégasque revient sur son amour de la collaboration ainsi que sur les racines et motivations de son travail artistique. De la conception d’une oeuvre à l’évolution de son inspiration au fil des décennies et des transformations de sa Compagnie, Jean-Christophe Maillot parle de ce qu’est la chorégraphie de technique classique aujourd’hui et des transitions personnelles et professionnelles qu’il a vécues. Quelles sont les conditions d’une situation de création fertile ? Comment les attentes des danseurs ont-elles évolué, et comment se positionner en tant qu’auteur et développer des terrains de rencontre avec d’autres artistes ? Une plongée dans les coulisses du processus créatif de l’un des chorégraphes les plus reconnus et prolifiques de sa génération.

Lundi 23 mars - 18h30 Annulé
Théâtre des Variétés - Monaco

Cinéma : un art de l’ellipse
Arnaud Desplechin, interrogé par Jacques Kermabon (critique de cinéma)

On imagine parfois que la vocation du cinéma est de montrer des personnes, des corps, des lieux, des actions, des relations, tout un ensemble face auquel le plaisir du spectateur serait lié au plaisir de voir sans être vu. Le travail de la mise en scène consisterait alors en bonne part à élaborer un monde de fiction plausible auquel le spectateur puisse croire, voire s’identifier. Au départ, il y a le plus  souvent un scénario et chaque cinéaste s’empare à sa manière de ce texte dont il est parfois l’auteur.
Illustrant ses propos avec des extraits de ses films, Arnaud Desplechin évoquera, en compagnie de Jacques Kermabon, les enjeux concrets de cette confrontation avec la matière filmée, telle qu’elle a lieu sur le plateau du tournage avant de trouver une forme définitive au montage. « Quand on fabrique », dit-il, « on le fait avec des intuitions, et ce qui est primordial pour moi, ce sont les acteurs ; le placement des caméras est lié au fait de ne pas les embêter, de ne pas faire trop de prises mais d’en faire suffisamment. Il y a beaucoup de stratégies qui se mettent en place, c’est comme une scène de théâtre. » Un des enjeux de la mise en scène peut alors plus apparaître comme le souci de sonder des mystères au lieu d’apporter des réponses, de suggérer plutôt que d’affirmer. Le travail du film relèverait moins du souci de créer un monde visible que de le faire pressentir par des ellipses.

Cette conférence est organisée en collaboration avec l’Institut audiovisuel de Monaco.

Infos pratiques :
Entrée libre
Théâtre des Variétés
1 bd albert 1er - Monaco
Réservation conseillée
Renseignements : (+377) 98 98 85 15

Mercredi 8 avril - 18h30 Annulé
Ambassade de Monaco à Rome

Le renouvellement de l’hygiène avec le XXe siècle,
Les contributions du Prince Albert Ier de Monaco
Georges Vigarello

 

Une double dynamique scientifique et technique bouleverse la vision et les pratiques de l’hygiène à la fin du XIXe siècle : les microbiologistes, dont Pasteur, mettent en évidence des causes pathologiques insoupçonnées. La détection des sources infectieuses devient un principe d’hygiène, la défense à leur égard, par une extension de la propreté, un principe immédiatement associé. L’originalité, dès les années 1900, est de systématiser cet ensemble de repères, de les inscrire dans la loi, d’intensifier la coopération internationale pour accentuer défenses et protections. Monaco, au début du siècle du Prince Albert Ier, répond à de telles conditions, réservant spécifiquement un accueil hôtelier jugé d’un modernisme particulièrement soigné. Par ailleurs, le Prince inaugure en 1908 un établissement thermal où se côtoient les nouveautés savantes et les appareils sophistiqués. Le sceau plus singulier du Prince tient à son influence sur la réflexion internationale. Son discours inaugural du Congrès de Monaco pour favoriser le développement des stations hydro-minérales, maritimes, climatiques et alpines des Nations alliées en 1920 se donne en programme : retrouver un élan sanitaire grandement
compromis par la Grande Guerre et étudier minutieusement les ressources de la mer dont il est un des pionniers. Il exprime ainsi un hymne à l’eau et au soleil, une dénonciation d’« exploitations industrielles » mal maîtrisées, une insistance sur la recherche comme principe de bien-être et de progrès. Une manière, en définitive, de replacer l’hygiène en irremplaçable condition d’entretien de la vie.

Infos pratiques :
Sur réservation uniquement
Renseignements : (+377) 98 98 85 15

 

Mercredi 10 juin - 20h00 Annulé
Institut de Paléontologie Humaine - Paris
Cheminer en philosophie
Expérimenter la différence des langues

Barbara Cassin

S’il est difficile, voire impossible, de définir précisément ce qu’est un philosophe, son parcours est toujours un éclairage sur ce qui l’a animé et continue d’orienter sa pensée. Au cours de cette conférence, Barbara Cassin propose de partager son travail sur la différence des langues. Elle voudrait déployer son rapport à la langue, aux langues, à la traduction, à partir d’un certain nombre d’expériences successives, et prendra pour point de départ son goût pour le grec et son plaisir étonné pris
à traduire, entre poésie et philosophie. Elle s’appuiera en particulier sur le travail collectif du Vocabulaire européen des philosophies. Dictionnaire des intraduisibles, lui-même paradoxalement traduit et adapté dans une dizaine de langues. Elle
se demandera alors ce que signifie traduire des intraduisibles, qu’est-ce que la traduction ? Et peut-on donner à voir quelque chose d’aussi abstrait que la traduction au moyen d’une exposition? Elle réfléchira sur les différentes expositions qu’elle en a pu proposer, à chaque fois liées au lieu et au moment. Enfin, commentant la phrase d’Umberto Eco : « La langue de l’Europe, c’est la traduction », Barbara Cassin proposera de réfléchir sur la manière dont la traduction, comme savoir-faire avec les
différences, peut servir de modèle, non seulement épistémologique mais aussi politique, pour penser la citoyenneté d’aujourd’hui.

Les Rencontres Philosophiques et la Fondation Prince Pierre se sont associées pour proposer une conférence invitant un philosophe à retracer son itinéraire intellectuel, son processus de création, le sens de ses recherches. La parole est donnée à des figures de la pensée contemporaine, invitées à dire pourquoi elles se sont engagées en philosophie, comment cet engagement inspire encore l’actualité de leur réflexion et l’avenir de leur oeuvre et de la place qu’elle doit garder dans l’espace public.

Infos pratiques :
Sur invitation uniquement
Renseignements : (+377) 98 98 85 15

 

Programme FPP2020_150x210-1.pdf (PDF)